— Par Julien Villeret, Directeur de l’innovation d’EDF
Face aux dangers qui guettent notre planète dans un contexte de crise climatique, la décarbonation constitue un enjeu vital. Si le sujet fait – enfin – consensus, les interrogations portent aujourd’hui sur le chemin qui rendra possible ce basculement historique. Pour répondre à cette question décisive du « comment », plusieurs certitudes se dégagent toutefois. A commencer par le fait que, si le défi revêt une forte dimension à la fois culturelle, économique et sociétale – ce qui nécessitera la mobilisation de tous (États, entreprises, particuliers) pour conduire les transformations nécessaires –, il a également une composante technologique incontournable.
Le dernier volet du rapport du GIEC est catégorique : pour atteindre l’objectif « net zero », les technologies, déployées dans un contexte de davantage de sobriété, seront cruciales. Le pluriel est ici d’importance. Point de solution miracle à l’horizon. Seule la combinaison d’une large panoplie de technologies rendra possible l’indispensable. Dans son dernier rapport, l’Agence Internationale de l’Energie nous donne un aperçu de l’ampleur de la tâche : à l’heure actuelle, la moitié du chemin à parcourir pour atteindre la neutralité carbone en 2050 repose sur des technologies actuellement au stade de démonstration ou de prototype. D’où le rôle clé de l’innovation, de la capacité à créer des ponts entre besoins, clients, techniques, etc.
Autre certitude de cette feuille de route : l’avenir est électrique. L’ensemble des acteurs s’accordent sur le fait que c’est là l’énergie de l’avenir. Dès lors, des acteurs tels qu’EDF auront un rôle central à jouer dans ce défi mondial.
Des centaines de solutions technologiques à déployer
Plus concrètement, les entreprises du secteur énergétique devront sans doute s’appuyer sur plusieurs centaines de technologies pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Parmi elles, une première grande famille concerne la collecte de la donnée et son traitement par l’intelligence artificielle. À l’image des solutions déployées dans le secteur hydraulique, les capteurs créent la possibilité d’améliorer fortement la performance de l’exploitation, soit une eau utilisée de manière intelligente, au moment le plus opportun et où l’électricité coûte le moins cher.
Une autre catégorie de solutions concerne les technologies prédictives, dans le cadre de la maintenance des installations. Je pense ici notamment à l’émergence de capteurs plus légers dans l’industrie, avec des tablettes permettant à des TPE /PME de s’assurer du bon fonctionnement des machines, de prévenir à temps de la nécessité d’une opération de maintenance, etc.
Autre solution appelée à jouer un rôle clé pour la maintenance : les jumeaux numériques. Très liée à l’utilisation de la data, la technologie peut servir dans de multiples domaines, et notamment les plus stratégiques (centrales nucléaires, data centers…). Le métaverse industriel pourrait être un outil appelé à jouer un rôle clé dans la performance de l’entreprise. Simuler avec une haute précision, c’est anticiper les maintenances et les travaux, et limiter les arrêts de production, avec des conséquences non seulement économiques, mais aussi environnementales, par la limitation du recours à des fournisseurs d’appoint.
L’innovation peut prendre des centaines de visages. Faire mauvaise route n’a pas d’importance, l’essentiel est de ne pas passer à côté d’une percée décisive. D’ores et déjà, les technologies prometteuses ne manquent d’ailleurs pas. Certaines peuvent générer des basculements dans les secteurs les plus émetteurs, telles que la capture de CO2 dans les process industriels. EDF vient ainsi d’investir dans Carbon8, une société capable de transformer une partie du CO2 produit par une usine en granulats utilisables dans le bâtiment. Autre motif d’espoir : les technologies capables de retirer directement le carbone de l’air ou encore l’utilisation de la data et de l’IT pour aider les acteurs agricoles à limiter la consommation des ressources, irriguer au moment le plus opportun, etc.
Les vertus de l’automatisation et de l’open innovation
Cette approche multiple, complémentaire, s’applique tout autant aux énergies décarbonées. La stratégie énergétique d’EDF est très claire : une jambe « renouvelables » (solaire, éolien, hydraulique, hydrogène, etc.), une jambe « nucléaire ». Les enjeux de pilotage sont cruciaux pour ces deux types de solutions qui fonctionnent de manière complémentaire, avec d’une part de puissantes installations nucléaires, et d’autre part des installations renouvelables plus décentralisées, mais dont la production est parfois non pilotable. Dans les deux cas le rôle de l’automatisation des process est crucial. Dans ce contexte, la donnée devient un actif hautement stratégique et il est essentiel d’en avoir la propriété. C’est le sens du développement de plateformes de data lakes. Une autre tendance en plein essor sur la capture et l’exploitation de la donnée est le Edge computing. Revenant à une pratique ancienne, où l’idée est de ramener le traitement de la donnée au plus près de l’outil industriel, dans une logique d’articulation entre Edge et Cloud.
Finalement, relever ces vastes défis dépendra de notre capacité collective à surmonter un certain nombre de difficultés. La première d’entre elles tient à la complexité inhérente aux sujets de décarbonation. Celle-ci impose que les ETI, TPE ou PME disposent de solutions clés en main, d’accompagnements dépassant la seule dimension technologique. Une autre clé concerne, à mes yeux, notre capacité à agir en commun. Face à la complexité et au dimensionnement des enjeux, une approche d’open innovation doit être privilégiée. Les parties prenantes devront apprendre à se mettre autour d’une même table, à codévelopper des solutions.
C’est d’ailleurs le sens des Prix EDF Pulse, qui permettent de soutenir ceux qui inventent le monde décarboné de demain. Comme chaque année depuis 2014, une sélection de startups sera récompensée, accompagnée et rapprochée de nos Métiers et de notre équipe d’investissement EDF Pulse Ventures. Soit un pas supplémentaire, mais potentiellement précieux, sur le passionnant chemin que nous sommes en train de créer collectivement.
L’insight de Dell Technologies
Pas de transition énergétique sans transition numérique
– Nicolas Jumel, Director PreSales France Public Area, Dell Technologies
Face au dérèglement climatique, la transformation du secteur de l’énergie est urgente et la technologie en sera un moteur essentiel. Les acteurs de l’industrie et ceux du numérique doivent impérativement travailler de concert pour réduire l’empreinte carbone de l’ensemble de la chaîne de valeur énergétique – production, stockage, distribution et consommation – et optimiser le recours aux énergies renouvelables. La mise en place d’une infrastructure informatique de pointe, décentralisée et sécurisée, ainsi que la systématisation du traitement de la donnée seront des alliés de taille pour atteindre ces objectifs.
Pour décarboner la chaîne de valeur énergétique, il est crucial de moderniser l’ensemble du réseau et les systèmes de stockage et de transmission d’énergie. Cela implique par exemple la mise en place de technologies comme des systèmes de gestion avancée de la distribution, des appareils connectés pour récolter les données directement à la source, l’Edge Computing pour accélérer le traitement de ces données et la prise de décision en périphérie du réseau, l’intelligence artificielle et les techniques d’automatisation pour adapter la production en temps réel et améliorer le contrôle des sous-stations électriques, ou encore la 5G pour centraliser les informations collectées grâce à une meilleure connectivité.
La modernisation du réseau et l’exploitation de la donnée devraient permettre de mieux utiliser les énergies renouvelables, dont la production est par nature discontinue et plus difficilement maitrisable. Anticiper les opportunités d’offre et les pics de demande, mieux réguler la production et la distribution, moduler la consommation, et, bien sûr, mettre en place des dispositifs de mesure pour inscrire l’industrie dans une démarche d’amélioration continue : c’est le défi de l’énergie pour ces prochaines années. Dell Technologies se positionne en partenaire investi pour aider les entreprises à le relever. Car, nous en sommes persuadés, la transition énergétique ne se fera pas sans la transition numérique.
