Un petit pas vers le SD-WAN, un grand pas pour votre réseau

Le SD-WAN est incontestablement une tendance forte dans le monde de l’IT. Comme la virtualisation serveur en son temps, la virtualisation du réseau étendu va marquer une étape cruciale dans la simplification de l’infrastructure.

Beaucoup de professionnels IT s’en souviennent encore. Aux débuts des années 2000, VMware allait révolutionner l’informatique avec le lancement de son hyperviseur ESX, puis ESXi (qui, rappelons-le en passant, a été conçu par le Français Olivier Cremel). La gestion des infrastructures s’en est trouvée considérablement simplifiée, et aujourd’hui, plus personne n’imaginerait se passer de la virtualisation serveur. Et l’histoire se répète avec VMware Velocloud et la virtualisation du WAN. La différence étant qu’aujourd’hui, VMware peut s’appuyer sur la puissance du groupe Dell Technologies en intégrant étroitement son intelligence logicielle au sein des équipements réseaux Dell EMC.

Du MPLS au cloud

Un peu de contexte tout d’abord. La gestion d’un réseau d’entreprise multisite est une tâche particulièrement complexe. Chez Dell Technologies par exemple, on compte 19 datacenters, environ 20 000 réseaux différent et 270 sites distants. Autant dire que chaque modification dans ce réseau tentaculaire représente un projet à part entière. Configurer un lien vers un nouveau site, monitorer les flux entrants et sortants, garantir la performance et la disponibilité des accès, faire du provisionnement et bien entendu, assurer la protection de toute la chaîne face à de multiples menaces, autant de missions qui étaient déjà délicates à remplir pour les équipes en charge du réseau et qui, ces dernières années, ont connu un bouleversement majeur qui relève encore la difficulté d’un cran.

Lorsqu’une organisation est composée de plusieurs sites, ceux-ci sont interconnectés via des liens MPLS (multiprotocol label switching), fournis par des opérateurs télécoms, et les flux convergent vers un datacenter central. C’est le principe d’une architecture en étoile. Ces opérateurs garantissent une certaine qualité de service via des SLA (service level agreement). La situation est désormais différente. Une part toujours plus grande du trafic part directement vers internet. Pourquoi ? Tout simplement car le cloud et la mobilité sont passés par là. Les utilisateurs déploient des services et applications directement via des CSP (cloud service provider) et peuvent donc y accéder sans passer par le réseau de l’entreprise. C’est la notion de « Direct2Cloud ». En parallèle, les nouveaux usages mobiles ont connu une croissance fulgurante qui s’est accompagnée d’une consommation massive de 3G/4G. Et l’arrivée imminente de la 5G, qui va connecter des millions d’objets intelligents et d’équipements autonomes dans les années à venir, va évidemment continuer à accentuer le phénomène. La virtualisation du WAN, ou SD-WAN (software-defined WAN), va créer un véritable choc de simplification.

Branchez, c’est configuré

Le principe de base de l’approche software-defined est d’apposer une couche d’abstraction logicielle par-dessus un environnement hétérogène, de manière à centraliser et automatiser sa gestion. C’est exactement la recette que le SD-WAN propose d’appliquer au réseau étendu. Leader sur le marché, la technologie VMware Velocloud va permettre de raccorder des succursales, filiales et autres sites distants sans passer par de fastidieuses étapes de paramétrage et configuration physique. Il suffira de connecter une appliance au WAN, telle que la Dell EMC Virtual Edge Platform, pour que celle-ci soit automatiquement reconnu par l’orchestrateur, sans que la présence d’un technicien sur site soit nécessaire. L’orchestrateur se charge d’appliquer toutes les politiques prédéfinies en termes de SLA, de sécurité ou d’accès aux applications. Peu importe que le site distant utilise un lien MPLS, fibre optique ou 4G, l’administrateur, grâce à la QoS adaptable, dispose d’une vue complète sur les flux. Il peut les orienter comme bon lui semble vers la connexion la plus adaptée, que ce soit en termes de performances, de coûts ou encore de disponibilité et ainsi garantir aux métiers que l’information critique sera délivrée quel que soit le chemin emprunté.

Temps de déploiement, gestion de la bande passante, monitoring, le SD-WAN présente donc de nombreux avantages par rapport au WAN traditionnel. Et il va en plus permettre aux entreprises de reprendre la main sur leur réseau, indépendamment des opérateurs télécoms propriétaires des liens MPLS. Pour les ETI, qui ne disposent pas d’une équipe informatique pléthorique, cette capacité à unifier la gestion du réseau va leur permettre de disposer d’un point de contact unique, qu’il soit interne ou externalisé, pour l’ensemble de la chaîne. Pour celles qui travaillent à l’international et font appel à différents fournisseurs dans plusieurs pays, le SD-WAN leur offre la possibilité d’avoir la mesure de la performance réelle de leurs liens et d’identifier ainsi immédiatement la source d’un ralentissement ou d’une panne. Pour les organisations qui rencontrent des problématiques de charge sur leur datacenter principal, la virtualisation du WAN leur donne la faculté de déporter une partie du trafic directement sur internet tout en respectant leur politique de sécurité.

Les entreprises ne vont bien entendu pas se débarrasser de leur réseau existant du jour au lendemain. Le SD-Wan peut être adopté progressivement. Grâce au « Hybrid SD-Wan », elles peuvent commencer par greffer une couche SD-WAN au MPLS existant, puis migrer les sites distants petit à petit, sans créer de rupture. Toutes les entreprises y trouveront leur compte. Ces dernières ne s’y sont d’ailleurs pas trompé, puisque selon une récente étude du cabinet IHS Markit, elles ont très largement intensifié (+23 %) leurs achats d’appliances SD-WAN au deuxième trimestre 2019, en lieu et place de leurs routeurs. Le chiffre d’affaires des solutions SD-WAN, aujourd’hui estimé à 487 millions de dollars, devrais grimper à 4,4 milliards de dollars d’ici 2023. Vous pourrez alors dire que vous vous souvenez d’un temps ou la virtualisation du WAN n’existait pas.

About the Author: Vincent Barbelin

Vincent Barbelin est CTO, CTO Ambassador de Dell technologies France.