La blockchain, au-delà du bitcoin – ÉPISODE III

Arrêtons-nous un instant sur certaines technologies qui permettent à la « base de données décentralisée » de s’inscrire dans de véritables cas d’usage professionnels.
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Après les deux premiers épisodes de ce dossier, vous êtes au fait des principes fondamentaux de la blockchain et de ses évolutions récentes ou futures. Mais toute cette intelligence logicielle réclame évidemment des infrastructures pour être exécutée le plus efficacement possible. Dans le monde du bitcoin, les mineurs alignent les GPU par dizaines pour créer des fermes de calcul capables de valider des transactions extrêmement rapidement et obtenir une rémunération en échange. Mais le monde de la blockchain est bien plus vaste que cela et des usages professionnels très divers se développent d’année en année, avec des problématiques de responsabilité énergétique, de confidentialité ou encore de portabilité.

ASIC : accélérer la réduction de l’empreinte carbone

Les accélérateurs sont des composants essentiels pour améliorer l’efficacité énergétique du datacenter, en offrant des puces taillées sur mesure pour certains usages spécifiques. L’Intel® Blockscale est un ASIC (Application-Specific Integrated Circuit), spécialement conçu pour la blockchain. Contrairement à un CPU traditionnel, qui doit pouvoir prendre en charge un maximum d’applications différentes, un ASIC est une puce optimisée pour une application particulière. Le Blockscale a été pensé pour accélérer la fonction de hachage SHA-256, la norme utilisée pour le chiffrement des transactions dans de nombreuses blockchains. Il apporte ainsi la performance nécessaire, mais avec l’avantage de réduire considérablement la consommation énergétique de l’infrastructure. Intel estime que son ASIC est en mesure de générer une performance par watt plus de 1 000 fois supérieure à celle d’un GPU grand public.

Des appliances Off-Chain pour garantir la confidentialité

Nous l’avons évoqué dans l’épisode II, il est parfois nécessaire de stocker certaines informations off-chain, pour éviter d’alourdir la blockchain avec des données trop volumineuses ou pour des raisons de confidentialité ou encore afin d’être en conformité avec telle ou telle réglementation. C’est pourquoi nous avons développé par exemple des solutions de stockage autour de la gestion de la donnée Off-Chain chaude via Isilon (Gamme Powerscale) ou du stockage de la donnée objet post traitement Blockchain via Elastic Cloud Storage. En partenariat avec Intel et Camelot ITLab nous avons également travaillé sur une solution dédiée aux environnements SAP Hana, qui comprend l’appliance Camelot Trusted Computing, basée sur les infrastructures Dell Technologies, la technologie SAP Blockchain, la base de données SAP Hana et la sécurité matérielle Intel® Software Guard Extensions. L’ensemble permet de traiter des données off-chain, puis de chiffrer et intégrer des données privées à une blockchain, afin qu’elles puissent être contrôlées et validées par un organisme tiers sans pour autant les rendre publiques. L’objectif est de permettre à des organisations de mettre en place un processus de confiance à travers une blockchain, tout en répondant aux enjeux de confidentialité.

Prenons le cas d’un laboratoire pharmaceutique par exemple. Pour faire valider la production d’un nouveau médicament, celui-ci souhaite obtenir l’accord des instances de régulation, comme l’ANSM en France, mais sans révéler publiquement la composition et la formule de son produit pour des raisons concurrentielles évidentes. Avec cette solution, il est possible d’utiliser la blockchain pour chiffrer la composition et la confronter à une liste préétablie de composants autorisés et non-autorisés. Ainsi, le régulateur pourrait prendre plus rapidement les décisions adéquates sans que des informations de propriété intellectuelle ne soit dévoilées.

La virtualisation, clé de la portabilité ?

Il existe aujourd’hui beaucoup de blockchains différentes. Et il pourrait parfois être intéressant de migrer de l’une à l’autre, pour des raisons de coûts, de performance ou encore de sécurité. Nous le voyons quotidiennement chez nos clients, notamment avec l’utilisation du cloud, les entreprises ne souhaitent pas aujourd’hui s’enfermer auprès d’un fournisseur technologique unique. Mais il existe à l’heure actuelle peu de portabilité entre les blockchains. Loin d’être une réalité, l’interopérabilité des chaînes est un sujet sur lequel nous avons travaillé avec nos différents partenaires technologiques. La virtualisation des smart contracts permettrait de les migrer d’une blockchain à l’autre, comme on le fait avec des machines virtuelles. Cette éventualité pose d’importantes questions de gouvernance et de standardisation auxquelles nous n’avons pas encore toutes les réponses. Des initiatives existent aujourd’hui pour créer des ponts entre les blockchains, comme le protocole IBC (Inter-Blockchain Communication).

L’interopérabilité, l’authenticité, le requêtage ou l’audit sont quelques-uns des défis de la blockchain de demain et des sujets majeurs dans le monde du Web3, pour les mois et années à venir. Un monde dont nous allons également éclairer les enjeux dans un prochain article !

About the Author: Vincent Barbelin

Vincent Barbelin est CTO, CTO Ambassador de Dell technologies France.