La blockchain, au-delà du bitcoin – ÉPISODE II

La blockchain Ethereum s’est attirée bien des regards cette année, avec la réalisation du fameux « merge » qui a vu le réseau basculer d’une preuve de travail à une preuve d’enjeu. Au lieu de demander à des mineurs de réaliser des calculs pour valider une transaction et intégrer un nouveau bloc, la preuve d’enjeu consiste pour les validateurs à mettre en jeu une certaine quantité de leurs propres jetons. Autrement dit, si la transaction validée est frauduleuse, le validateur risque de perdre la valeur de sa mise. Un des principaux avantages de cette méthode est qu’elle évite le minage et réduit donc considérablement la consommation énergétique de la blockchain. En adoptant la preuve d’enjeu, Ethereum entend diminuer de plus de 99 % sa consommation énergétique. La blockchain est donc une technologie qui évolue ! Si ses principes fondateurs demeurent, des améliorations sont régulièrement apportées. Passons en revue les innovations récentes et futures de la chaîne.

Les 3 innovations majeures de la blockchain

  • Zero Knowledge Proof

Dans un monde où les transactions sont toujours plus numérisées, comment prouver la véracité d’une donnée sans la dévoiler ? Réponse : avec le Zero knowledge proof (ZKP), ou en français, la preuve à divulgation nulle de connaissance. Le concept a été théorisé à la fin des années 80 et est généralement illustré par l’exemple de la caverne. Pour faire simple, le ZKP consiste à prouver de manière mathématique qu’une information est vraie, sans divulguer cette information. Cela permet de vérifier la qualité et la véracité d’une donnée sans dévoiler cette donnée, pour des raisons de confidentialité par exemple, ou alors parce que la donnée perdrait sa valeur marchande une fois révélée. Prenons le cas du vote électronique. Une blockchain dotée d’un protocole ZKP permettrait de garantir qu’un vote est valide sans dévoiler l’identité du votant.

  • Off-Chain

Autre tendance montante, notamment dans le monde des blockchains privés, celle de l’Off-Chain. L’idée est ici de faire face à la croissance des volumes de données. Embarquer des vidéos ou images HD dans une blockchain s’avérerait extrêmement coûteux. Sur le marché en plein essor des NFT par exemple, impossible de stocker les œuvres numériques sur la chaîne pour des raisons économiques et de performance. Un espace de stockage dit « Off-Chain » permet donc d’héberger un asset digital sur le cloud ou sur un serveur externe alors que, par exemple, seul le smart contract est inséré dans la blockchain. L’authenticité de l’objet est ainsi garantie sans que celui-ci ne vienne surcharger la chaîne.

  • Self Sovereign Identity

La self-sovereing identity (SSI), ou identité auto-souveraine (IAS) est un concept récent mais qui commence à faire son chemin. Alors que la notion de souveraineté numérique est aujourd’hui un enjeu majeur dans les entreprises et administrations, quid en effet de la souveraineté de notre propre identité ? En 2018, une étude estimait qu’un internaute américain possédait en moyenne 150 comptes en ligne et que ce chiffre pourrait atteindre 300 à la fin de l’année 2022. Comment garantir la protection de notre identité sur un tel foisonnement de services numériques ? La SSI vise à donner à chaque individu le contrôle sur ses informations d’identification numériques, la liberté de choisir la ou les entités de certification auxquelles il souhaite faire appel et de déterminer quelles informations ils souhaitent communiquer, à qui et sous quelles conditions. Cette identité serait portable sur différents services et vérifiée de manière décentralisée à l’aide d’un cryptage à clé publique basé sur un registre distribué. La SSI n’est pas un principe intrinsèque à la blockchain mais on comprend aisément que cette dernière apparaît comme la technologie idéale pour la porter, tant ses principes fondateurs sont en adéquation avec ceux de la SSI en matière de décentralisation, de transparence et de souveraineté. Le rapport de l’Assemblée nationale sur l’identité numérique du 8 juillet 2020 recommande de « favoriser le développement d’alternatives à l’identité numérique régalienne, comme l’identité numérique auto-souveraine, en exploitant les possibilités offertes par la blockchain. ». La SSI / IAS sera un cas d’usage majeur de la blockchain dans les années à venir.

Nous avons évoqué de nombreux concepts, principes et approches dans ces deux premiers épisodes. Dans la troisième et dernière partie de ce dossier, nous aborderons des choses beaucoup plus concrètes, avec les technologies sous-jacentes à cette révolution !

About the Author: Vincent Barbelin

Vincent Barbelin est CTO, CTO Ambassador de Dell technologies France.