La blockchain, au-delà du bitcoin : ÉPISODE I 

Souvent éclipsée par les cryptomonnaies ou NFT, la blockchain ne leur est pourtant pas réservée. Cette technologie, peut servir de nombreux cas d’usages, pour comprendre son intérêt, plongeons tout d’abord dans les arcanes de cette base de données un peu particulière.

Mettons les choses au point tout de suite : nous n’allons pas dans ce dossier vous donner de conseils sur vos investissements en cryptomonnaies. Trop souvent, la blockchain est réduite à son statut d’ossature du bitcoin. Elle est pourtant bien plus que cela. En 2020 par exemple, le secteur de la fabrication représentait 20 % des investissements dans la blockchain, avec notamment des cas d’usage liés à la traçabilité. Toujours selon la même étude IDC, les secteurs qui vont réaliser les plus fortes hausses des investissements dans la blockchain sur la période 2020-2024 sont les services professionnels, le secteur public et la santé, chacun affichant des croissances annuelles moyennes supérieures à 50 % ! Dans l’ombre du bitcoin, la blockchain évolue, la maturité des entreprises grandit et les usages se multiplient dans de multiples secteurs. Découvrons dans la première partie de ce dossier les caractéristiques fondamentales de cette technologie de stockage et transmission de l’information via des blocs de données liés entre eux.

Les 3 principes fondamentaux de la blockchain

  • La décentralisation

Certains d’entre nous s’en souviennent peut-être. Au début des années 60, la compagnie Pan American Airways annonçait le développement d’un système révolutionnaire de réservation : le PANAMAC. Inspiré du système Sabre (encore utilisé aujourd’hui), celui-ci permettait de proposer aux clients de réserver, en plus de leur vol, un hôtel, un restaurant ou encore une location de voiture, avec la Pan Am comme seul point de contact. Il y a 60 ans déjà, la volonté était donc d’interconnecter des systèmes pour, historiser, partager et monétiser une information décentralisée. Nous étions encore loin alors de la blockchain, puisque cet objectif a débouché sur un système centralisé. Mais la décentralisation était bien perçue comme une valeur à exploiter. Aujourd’hui, le principe fondateur de la blockchain, c’est le registre décentralisé, ou Distributed Ledger. Il s’agit d’une base de données stockée et synchronisée sur une multitude d’ordinateurs. En multipliant l’information de la sorte, la blockchain garantit que cette information est à la fois toujours accessible et inaliénable. Si quelqu’un souhaite attaquer le registre ou tenter d’y insérer des informations erronées, il va devoir atteindre les centaines, milliers ou dizaines de milliers de nœuds qui composent le registre. Nul doute que l’opération sera complexe !

  • Le smart contract

Un bloc contient entre autres ce qu’on appelle un smart contract, c’est -à-dire un programme qui va automatiquement valider un contrat digital (juridique, financier, authenticité …) si un certain nombre de conditions prédéterminées sont remplies. Ce bloc contient non seulement la transaction que l’on souhaite effectuer, mais aussi un « hash » de l’information contenue dans le bloc qui le précède. Ce chaînage des blocs empêche la falsification et permet l’historisation des changements.

Entrent en scène les « gueules noirs » du digital, ces mineurs qui vont remplir leur berline non plus de charbon mais d’octects, pour vérifier et crypter mathématiquement ces opérations avant de les inscrire sur une blockchain.  Une fois inscrit dans la blockchain, le bloc est consultable et vérifiable par tous les utilisateurs, renforçant encore davantage la sécurité de la chaîne.

  • Le consensus

Ce registre assure donc la disponibilité, mais aussi la validité des informations. La blockchain fonctionne avec un algorithme de consensus qui assure que les blocs de données disponibles sont fiables. Pour le comprendre, on l’illustre souvent par le problème des généraux byzantins : comment des généraux peuvent-ils lancer une attaque coordonnée alors qu’ils ne peuvent communiquer entre eux que par l’intermédiaire de messagers et que certains généraux sont susceptibles de trahir en transmettant de faux ordres ? Pour que ce problème soit résolu, il faut qu’au moins deux tiers des généraux soient loyaux, afin que même si un traître tente de faire passer des messages falsifiés, ceux-ci arrivent en trop faible nombre pour créer un consensus chez les autres généraux.  Appliquée à l’informatique, cette métaphore a donné naissance à un algorithme de consensus, le byzantine fault tolerance (BFT). Dans le cas d’une blockchain, lorsque les nœuds se synchronisent, une majorité d’entre eux doit arriver au même résultat afin que ce résultat soit validé. Le bloc est alors inscrit dans la chaîne.

Maintenant que les fondamentaux sont posés, je vous donne rendez-vous dans l’épisode II de ce dossier pour découvrir les évolutions récentes de la blockchain.

About the Author: Vincent Barbelin

Vincent Barbelin est CTO, CTO Ambassador de Dell technologies France.