Etablir les fondements des villes numériques européennes de demain

En 2050, la population mondiale dépassera 10 milliards d’individus, dont la majeure partie dans les villes, ce qui aura un impact direct sur la sécurité, la mobilité, la demande en énergies, les services administratifs, la qualité de vie et bien évidemment l’environnement.

En 2050, la population mondiale dépassera 10 milliards d’individus. La majeure partie de cette croissance aura lieu dans les villes, ce qui aura un impact direct sur la sécurité, la mobilité, la demande en énergies, les services administratifs, la qualité de vie et bien évidemment l’environnement.

L’urbanisation et la numérisation représentent deux tendances-clé pour façonner les villes de demain. En effet, L’Europe souhaite « reconstruire en mieux », et c’est à l’intersection de ces deux volontés que se nichent les opportunités. A cet égard, les villes numériques intelligentes peuvent aider l’Europe à rebondir après les difficultés induites par la crise sanitaire ou à réaliser des objectifs tangibles en matière d’environnement.  Alors que les villes adoptent les technologies de Smart-City et l’Internet des objets (IoT), elles font face aux défis associés à ces projets.

Les fonds de relance gouvernementaux, notamment en vue d’encourager la reprise et la résilience au sein de l’Union Européenne, combinés à l’objectif stratégique de l’Union en vue d’accélérer le déploiement de nouvelles technologies telles que la 5G, l’IA, le cloud et l’Edge Computing, doivent être mis à profit afin de créer les villes écologiques et numériques de demain. Une collaboration qui permet la mise en œuvre d’une relance fondée sur les données et capable de redéfinir les infrastructures, tout en réinventant les principaux aspects de la vie en société et des services publics.

D’ici 2026, les villes intelligentes vont transformer et révolutionner à l’échelle mondiale les zones urbaines. Aujourd’hui, la ville type est organisée en départements cloisonnés. Comme le rappelle Gartner, les défis urbains tels que la sécurité, les embouteillages, les catastrophes, sont souvent abordés par département. L’ouverture, la collaboration et une approche centrée sur l’individu sont essentielles dans l’utilisation de ces technologies. Des espaces transparents, interopérables, sécurisés et ouverts sont ainsi nécessaires afin de favoriser l’accès par les individus ou les entreprises aux données, à une application, à des démarches administratives ou encore à de nouveaux services de l’office de tourisme par exemple.

L’un des premiers défis à relever est que l’OT (Operational Technology) définisse les points de mesure pertinents, puis que l’IT (Information Technology) mette en place une infrastructure « Edge – Core – Cloud » capable de gérer le volume colossal de données issus des capteurs. Il faut ensuite organiser ces données de telle façon qu’elles soient exploitables en temps réel « Fast » pour comprendre instantanément des indicateurs et prendre des actions immédiates. Ensuite, leur organisation doit également faciliter l’alimentation d’un Data-Lake afin que les données soient digérées par une Intelligence Artificielle pour fournir des informations prédictives ou pour créer un jumeau numérique permettant de réaliser tests et simulations.

Il est encourageant de constater que les perspectives sont de plus en plus reconnues : le secteur public s’oriente en effet davantage vers de nouveaux modèles de création de valeur basés sur le partage des données, qui par exemple aidera 85% des villes européennes qui ne bénéficient pas encore des avantages de l’open data, de tirer pleinement parti des technologies intelligentes et du pouvoir de la donnée afin de stimuler la reprise.

Les récentes initiatives de l’UE et le développement des valeurs numériques européennes dans ce domaine sont cruciales. Il s’agit également de promouvoir la réutilisation des données du secteur public par le biais de l’imminent Data Governance Act (règlement sur la gouvernance des données) et de garantir l’accès aux ensembles de données de grande valeur. Une telle approche accompagnera non seulement les villes dans le traitement et l’analyse de leurs données, mais jouera également un rôle de premier plan dans la définition d’espaces pan-européens, tels que celui dédié aux villes « climatiquement neutres » et intelligentes, ce qui permettra à l’Europe de réaliser ses ambitions fondamentales en matière de transition écologique et de souveraineté des données.

Au cours des 650 000 dernières années, la Terre a traversé de nombreux cycles de changements climatiques. Alors qu’elle continue de se réchauffer, il est de plus en plus évident que les activités humaines des 100 dernières années sont à l’origine de cette tendance sans précédent dans l’histoire de notre planète. Les 580 marches [1], égrenées de panneaux indiquant l’exponentiel recul du glacier, qui mènent à la Mer de Glace de Chamonix-Mont-Blanc en sont le témoin. Les villes consomment plus des deux tiers [2] de l’énergie mondiale et émettent des niveaux similaires de gaz à effet de serre. Pour suivre le rythme intense de l’urbanisation, il est important que les secteurs publics et privés poursuivent leurs efforts de développement durable.

Les villes ont sans nul doute un rôle essentiel à jouer dans la réalisation de l’objectif de l’UE consistant à réduire les émissions de CO2 à 55 % des niveaux de 1990 en l’espace d’une décennie. Les technologies de Smart-Lightning, de Traffic-Control, de Parking-Control, de Smart-Grid, de Smart-Buildings … peuvent aider à piloter la demande croissante d’énergie, améliorer gestion des déchets, augmenter les services de mobilité, tandis que leur adoption généralisée pourrait réduire les émissions de CO2 de 30 % [3] selon le BCG.

La construction d’une Smart-City commence souvent par un projet de Safe-City. L’association de la technologie et du savoir-faire humain permet de créer des services très évolués pour répondre aux signes avant-coureurs d’une urgence, d’alerte et de réaction rapide coordonnée. Le citoyen au centre de cet écosystème se voit protégé de menaces potentielles par exemple lorsqu’il traverse un passage piéton, en cas de colis suspect, ou en cas de malaise. Les personnes à mobilité réduite peuvent même être proactivement aider dans leurs tâches du quotidien ou spécifiquement prises en charge lors d’un sinistre.

Alors que les urbanistes étendent la technologie au cœur de leurs activités quotidiennes et déploient des infrastructures numériques, ils introduisent au cœur des cités un Digital-Risk. Tout d’abord, la résilience des infrastructures et des communications est intimement liée à la criticité des services gérés. Ensuite, plus le edge étend son réseau tentaculaire sur les cités, plus la surface d’attaque augmente et donc les opportunités de Cyber-Attacks.

Enfin, pour atteindre leurs objectifs, les urbanistes dépendent de plus en plus d’un écosystème de divers organismes tiers. Il offre une excellente opportunité pour l’innovation et la résolution de problèmes, cependant, il expose un peu plus la ville au risque digital. Ceci est dû au fait que les fournisseurs tiers qui interagissent directement avec la ville ont leur propre stratégie et outils de sécurité et ne s’inscrivent pas, de ce fait, dans le schéma de Cyber-Security leur client.

Les initiatives de villes du futur stimulent les innovations pour enrichir les expériences de vie et d’affaires pour chaque citoyen cependant, manager le Digital-Risk est un point clé pour la pérennité des projets.

Alors que l’UE devrait approuver les plans de relance de chaque pays membre dans les semaines à venir, il est essentiel que les fonds soient consacrés à la construction d’un « noyau numérique urbain destiné aux villes de demain » moderne et prêt pour l’avenir.

Pour nous, les villes numériques sont plus qu’un simple concept : elles constituent un mouvement visant à améliorer nos sociétés, nos communautés et nos entreprises.

[1] https://www.chamonix.com/la-vallee/incontournables/montenvers-mer-de-glace

[2] https://www.c40.org/why_cities

[3] https://etno.eu//downloads/reports/connectivity%20and%20beyond.pdf

About the Author: Vincent Barbelin

Vincent Barbelin est CTO, CTO Ambassador de Dell technologies France.